Thalassacritique de Night Swim
- Night Swim (production des studios Blumhouse) plonge les spectateurs dans les méandres de l'horreur en utilisant habilement la piscine comme toile de fond terrifiante. Une analyse approfondie à la lumière des travaux du psychanalyste Sandor Ferenczi sur la régression thalassale révèle des couches subtiles de signification psychologique.
Ferenczi, contemporain de Freud, a exploré la notion de régression à travers des expériences de renouvellement psychique. Sa théorie de la régression thalassale s'appuie sur la métaphore de l'océan primal, symbolisant le retour à un état embryonnaire, à une fusion avec la mère originelle. Dans Night Swim, la piscine devient le réceptacle de cette régression, incarnant le refuge primal de Ray Waller face à sa sclérose en plaques.
Ray, l'ancien joueur de baseball, trouve dans la rénovation de la piscine une tentative désespérée de retrouver une forme de régénération, résonnant avec les idées de Ferenczi sur la recherche d'une sécurité primitive. L'eau turquoise devient ainsi le lien entre la peur et la recherche d'une échappatoire à la réalité médicale oppressante.
Le concept d'aquathérapie, suggéré par le médecin du protagoniste, s'aligne avec les théories de Ferenczi sur la guérison à travers la régression. La piscine devient un espace où Ray espère rétablir son équilibre physique et émotionnel, une tentative inconsciente de retourner à un stade précoce de sa vie, où la maladie n'avait pas encore dicté ses limites.
L'aspect horrifique du film prend vie à travers les événements étranges qui entourent chaque immersion dans la piscine. Ferenczi aurait interprété ces phénomènes comme des manifestations de l'inconscient, où la régression thalassale expose des peurs ancestrales. Chaque clapotis devient une pulsion primitive, chaque plongeon, une exploration des profondeurs insondables de l'inconscient.
La tension palpable tout au long du film trouve son écho dans la scène où la fille de Ray est aspirée dans la piscine. Ferenczi aurait interprété ce moment comme une confrontation symbolique avec les forces primales de l'inconscient, où la piscine devient un portail vers l'inconnu, rappelant les eaux mystérieuses de l'utérus.
Les personnages de Night Swim, avec leurs paradoxes complexes, incarnent la dualité inhérente à la régression thalassale. Ray, en quête de succès passé, sa femme sacrifiant son dynamisme habituel, et leur fille défiant les risques pour protéger son frère, révèlent les tensions internes propres à cette exploration psychique.
Les performances saisissantes de Wyatt Russell et Kerry Condon amplifient l'authenticité des personnages, jouant un rôle essentiel dans la projection de la régression thalassale à l'écran.
Night Swim transcende le simple film d'horreur en rappelant subtilement les concepts de la régression thalassale de Ferenczi. La piscine devient le miroir de l'inconscient, où les frayeurs primordiales émergent en offrant aux spectateurs une plongée inquiétante dans les abysses psychologiques de l'âme humaine.
(Illustration © Blumhouse Productions)
Ce que l'École de Francfort nous dit du capitalisme
Au début du XXe siècle, le rapprochement des théories psychanalytiques de Sigmund Freud avec le...
La psychanalyse pense-t-elle ?
Depuis la question posée par Heidegger : « Qu'appelle-t-on penser ? », la psychanalyse...
Face au bivium pythagoricien
La notion de bivium est un concept qui émerge chez les pythagoriciens dans un contexte...
Les liens d'attachement
Implications psychanalytiques et physiologiques des soins maternelsL'attachement, ce lien...
Chateaubriand sur le divan de Muriel Rojas Zamudio
Muriel Rojas nous invite à une délicieuse plongée dans la psyché de François-René de...
Aya Nakamura et le misonéisme
Une analyse psychosociale : la récente controverse autour de la chanteuse Aya Nakamura et de son...